24 Apr
24Apr

                                                       ~Interlude~

Au gré des vagues du temps, aux rythmes indécents de la nuit, les entends-tu, Ainsel ?

Le frais enthousiasme des garnements d’aujourd’hui, mêlé au brouhaha ambiant de ces rues nocturnes et froides d’octobre. Ce fut dans un décor similaire, à travers les clapotis sereins de la pluie que tu allas retrouver ce jeune homme si cher à tes yeux et à ton cœur.

Entends-tu ces variations sonores, entre l’accalmie des impasses humides et malodorantes ou vous engouffriez parfois, et le vacarme retrouvé lorsque vous regagniez la chaussée ? Deux espaces si différents et si proches à la fois. Et vous étiez deux, deux âmes errantes vagabondant au gré de vos envies. Il faisait nuit, mais la ville était aussi claire que le jour. La luminescence des rues n’était pas seulement due à l’abondance des lampadaires et aux forts éclairages des vitrines des rues commerçantes. Elle venait aussi de toi : en sa présence, tu rayonnais.

Les ressens-tu Ainsel ?

Les sensations presque disparues des frissons qu’ont laissées ses froides caresses sur ta peau d’ivoire. Celles-là même qui accentuaient la déliquescence de tes maux et de ta ruine. Sous ses étreintes, tu étais belle et invincible. Sous ses étreintes tu étais en vie.

Ressens-tu, lors de ces instants d’érotisme momentanés, le sublime et l’ivresse d’un amour partagé ? Délicatesse et sérénité des quelques secondes d’extase offertes par la combinaison de vos corps souillés, et tu t’abandonnes à lui, comme la farouche lune s’abandonne à la pâleur de nos douces nuits.    

Les vois-tu Ainsel ?

Ces quelques instants d’éternité qui nous ont été alloués. Une délicate esquisse de l’infini qui nous guette et nous hante. Dépassées ces querelles enfantines auxquelles nous accordions tant d’importance, nous sommes aujourd’hui adultes. Nous sommes aujourd’hui maîtres de nos décisions et de nos actes. Quels choix s’offrent alors à nous ? Ferons-nous ce qui est juste ? Un impétueux flot de questions se bouscule dans ta tête, et les mots s’allient dans une danse frénétique comme pour te forcer à suivre une voie déjà toute tracé.

Vois-tu  au loin ce cerisier centenaire que tu ne connais que trop bien ? Celui-là même qui te servait de refuge lors de tes tendres années. Lui qui semblait si grand et majestueux te parait maintenant aussi ordinaire que n’importe quel arbre que tu peux croiser sur ton chemin. Plus de place pour la magie, plus de place pour les rêves. La vie s’éveille et avec elle, la réalité transcendante te happe et t’entraine avec fracas dans son tourbillon infernal.

 

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